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Les mines du Bokéo et de Bankaja, Chantaburi, Laos et Thailande.
(Chanthaburi, 30 août 2005)

La vallée du Bokéo se situe tout au long du Mékong, au carrefour de la Thaïlande, du Myanmar, l’ancienne Birmanie et de la Chine.
L'économie laotienne, essentiellement agricole, est une des économies de subsistance la moins développée d'Asie du sud-est. Cependant cette région s’avère plutôt moins pauvre que les autres grâce à ses échanges commerciaux conséquents. Parrallèlement à la production de riz, au négoce du bois et à la culture du pavot dans le Triangle d’Or (à partir duquel est produit l’opium et l’héroïne), il existe d'importants gisements de pierres précieuses dans cette vallée dont le nom signifie “vallée des saphirs”. Les saphirs et les rubis en particulier, assurent à cette région un statut de territoire convoité.

Le saphir correspond en réalité à une variété gemmologique du corindon. L’appellation saphir est octroyée à tout corindon gemme d'une autre couleur que le rouge qui caractérise uniquement le rubis.
Traditionnellement le saphir est bleu, mais depuis le 19e siècle le terme “ saphir “ s'applique à tous les corindons transparents; il convient alors de préciser leur couleur lorsqu'ils ne sont pas bleus. Il existe donc des saphirs verts, jaunes ou roses…
Le saphir se forme généralement dans des roches secondaires de type métamorphique constituées de sables et d'argiles alluvionnaires. Il se présente à l'état brut sous l'aspect de petits cailloux plus ou moins arrondis, opaques et en forme de tonnelet.
Les gisements les plus riches et les plus productifs se situent de nos jours au Sri Lanka, mais aussi en Birmanie, dans la région de Mogok, ceux de la vallée du Bokéo au Laos se montrent moins rentables. Quant aux célèbres saphirs du Cachemire, couleur de bleuet, ils sont devenus rarissimes.

Au Laos, les exploitations minières sont de tailles très variables, allant de la pelle à la pelleteuse, tout en restant principalement de types familiales ou villageoises. Une main d’œuvre paysanne et parfois enfantine est exploitée pour creuser de vastes trous au milieu des rizières à la recherche de la fortune, de la pierre qui changera leur vie…

Ces petites exploitations utilisent principalement comme outils la pelle, le tamis et la pompe qui pare aux éventuelles noyades provoquées par l’eau provenant des rivières et des rizières et qui suinte en permanence des parois poreuses. Les plus jeunes doivent assurer les travaux à risques, ils creusent avec leur pelle du fond de l’excavation.
L’embauche reste ici la principale ressource ; il est donc fréquent qu’une journée de travail ne rapporte rien et dans le meilleur des cas, un saphir d’un carat…
Toutes ces pierres, aussi petites soient-elles, se retrouvent finalement sur le marché de Chanthaburi.

La région minière de Chanthaburi, ville et province thaïlandaise, située non loin de la frontière cambodgienne fut dans les années 80 le premier producteur de rubis au monde.

Le rubis a toujours été considéré comme la pierre la plus précieuse qui soit. Sa couleur donne une information sur sa provenance géographique ; ainsi une couleur rouge plus ou moins pâle ou rosée indiquera une origine birmane ou sri lankaise, alors qu'un rouge grenat sombre, tirant vers le bordeaux une origine siamoise.
Les rubis de couleur "sang de pigeon" sont d’une grande valeur, plus rares, et plus chers que des diamants de grande qualité.

Le centre minier de Chanthaburi n’est plus aujourd’hui de première importance car sa production de rubis a quasiment disparue laissant place à une exploitation de type industriel du saphir jaune. Dans cette région, les mines sont plus rares mais de plus grandes tailles. Généralement, des pelles mécaniques retournent et creusent inlassablement le sol à l’aide d’une grande masse d’eau afin de séparer les saphirs de leur sédiment.
Pourtant, Chanthaburi affirme encore sa prédominence pour la taille et la vente des rubis dont 80% transitent aujourd’hui par la Thaïlande. Une incroyable variété de pierres précieuses venue des quatre coins de la planète y est proposée aux marchands.
Ses principales sources d’approvisionnement en pierres brutes sont les régions Mong Hsu en Birmanie (ou Myanmar), Pai lin au Cambodge, Ratnapura au Sri Lanka et plus récemment, l’Afrique avec les mines de Tanzanie, du sud Kenya et de Madagascar. Elles sont acheminées en Thaïlande principalement par les Guinéens.

Une partie de la ville se transforme chaque week-end en un vaste marché de pierres précieuses où se croisent vendeurs et acheteurs du monde entier.
Le lobby des acheteurs semble tenu largement par la communauté indienne, suivie de celle du Moyen Orient et de quelques Hollandais et Américains, parmi les Occidentaux…

Ces pierres seront montées en bijoux. Elles cristallisent le contraste et le paradoxe social entre la pauvreté et le dénuement extrême (des chercheurs de pierres et) des mineurs, face à la fonction ultime de ces cailloux, une parure pour les nantis…

Xavier Cahen

----------- >english version<

Bokeo and Chanthaburi mines, Laos and Thailand.
(Chanthaburi, August 30, 2005)


The Bokeo valley is located all along the Mekong River at the crossing point of Thailand, Myanmar (the old Burma), and China. Laos, one of the least developed countries in South-East Asia, is only surviving with an economy essentially based on farming. However, this region is not as poor as the others because of fruitful commercial exchanges. Parallel to its rice production, lumber trade and poppy culture in the Golden Triangle (opium and heroin are derived from poppy flowers), huge gems deposits are laying in this valley whose name means “valley of the sapphires”. This land became a highly coveted one because of sapphires and rubies.

In fact, sapphires belong to the corundum gem family. The label “sapphire” is granted to all corundum gems excepted red ones, which characterizes rubies. Traditionally, sapphires are blue, but since the 19th century the term sapphire is applied to all transparent corundum. It is custom then to specify the color when they are not blue. In fact, green, yellow or pink sapphires can be found. Sapphires generally come from Mesozoic rocks belonging to the metamorphous type composed of sands and alluvium clays. In a raw state, they look rather like small round opaque and cask-shaped pebbles. These days, the richest and most productive deposits are not only situated in Sri Lanka, but also in Burma’s Mogok region; they are not as profitable in Laos. Cashmere’s famous cornflower blue sapphires are almost impossible to get.

Mining exploitations in Laos have various dimensions, from shovel to excavator, but still remain family or village size enterprises. Farmer and child labor is used for digging huge holes in the middle of rice paddies with the hope of finding one’s fortune and the stone that would change a whole life…

Small operations are mainly using shovels, sieves and pumps in order to protect themselves from a possible drowning caused by water coming from nearby rivers and rice fields; water is constantly oozing in from porous sides. Younger workers are given the hardest tasks; they are digging with their shovels at the bottom of the excavation. Hiring remains the main resource; a full workday would not often bring anything at all, at the best, a one-carat sapphire… These gems will sooner or later all end up on the Chanthaburi market.

The Chanthaburi mining region is a Thai town but also a province located close to the Cambodian border. It was the first ruby producer in the world in the 80’s.

Rubies have always been considered the most precious stone. The color indicates where it comes from; a pale or paler red and a pink color stone would be from Burma or Sri Lanka, as a dark garnet almost burgundy red one from Siam origins. “Pigeon blood” color rubies have great reputation; they are very rare and even more expensive than good quality diamonds.

The Chanthaburi mining centre is no longer a major one since its ruby production is almost gone and has been replaced by industrial type yellow sapphire exploitations. In this region, mines are scarce but large. Most of the time, mechanical shovels are tossing and digging the ground all day long using plenty of water in order to separate the sapphires from the sediment. In spite of this situation, Chanthaburi still prevails for the size of its rubies and the quantity of its sales; 80% of them are passing through Thailand. An amazing gem variety coming from everywhere in the world is offered to merchants.

The main supply sources of raw gems are the Mong Hsu region in Burma, Pai Lin in Cambodia, Ratnapura in Sri Lanka, and more recently, in Africa with the Tanzania, South Kenya and Madagascar mining areas. Guineans are routing them to Thailand. A special part of town turns into a huge precious stone market where sellers and buyers from all over the world are meeting every weekend. The buyers’ lobby is mostly from India or the Middle East, and a few from Holland and America as far as the Westerners are concerned…

Gems will be transformed into jewels. They reflect the social contrast and paradox between poverty and extreme destitution of the gem diggers and miners, and the ultimate function of the rocks, an ornament for the rich…

Xavier Cahen

English Translation : Kristine Barut Dreuilhe